La dissonance
J'ai dû unfollow des gens en espérant que ma TL soit plus safe
— quelqu'un sur un réseau social
Qu'il doit être plus rassurant de se balader sur les réseaux sociaux avec des gens biens qui sont d'accord avec soi.
On aime plus facilement les gens qui sont d'accord avec soi.
Et puis d'abord, qui est cet empafé qui n'est pas du même avis ? De quel droit se permet-il de venir contredire l'expression de ma culture et de mon dogme ? Sans parler des réalités tangibles, appuyées sur des observations ou des preuves.
L'importance des bordures
En informatique, il est toujours plus solide de faire relire son travail par ses pairs, on appelle cela de la revue de code (code review). Les relecteurs regardent le code, tentent de le comprendre et proposent des améliorations ou questionnent sur certains choix.
En recherche fondamentale, il existe un collège de relecteurs, plus ou moins experts du domaine, qui ont la responsabilité de vérifier les articles.
Ils en vérifient la cohérence de la méthode scientifique, mais ils vérifient également la cohérence du raisonnement et la solidité de celui-ci.
Dans ces groupes, il est important d'avoir des experts, pour ne pas répéter les mêmes erreurs. Mais il est également indispensables que des néophytes du domaine (pas de la méthode) prennent part à la relecture afin de comprendre les paradigmes et de permettre aux auteurs d'en répondre de la solidité et de la cohérence.
À l'instar des préceptes de la permaculture, c'est dans les bordures qu'on retrouve le plus de richesse : cet espace entre l'expert et le néophyte, cette frontière entre un paradigme établi et des questions naïves.
Vivre dans un monde qui est d'accord avec soi est rassurant, mais n'est pas enclin à la richesse et à l'évolution d'une réflexion ou l'ouverture, voire le changement d'un paradigme.
Les réseaux « petit monde »
Sur les réseaux sociaux, on a tendance à vivre avec des œillères, encore plus que dans la vraie vie (IRL, In Real Life). On like ou follow bien volontiers les comptes qui expriment des choses similaires à notre culture et à nos dogmes. On bannit ou unfollow très facilement les comptes qui nous vexent ou qui expriment quelque chose qui nous heurte.
On se construit un réseau qui nous ressemble et qui nous conforte dans notre culture et dans nos dogmes.
À voir la qualité des pages wikipedia française et anglaise, fort est à parier que ce concept n'est pas très connu. Il fait sans doute partie des choses immuables auxquelles il n'y a aucune raison de porter attention.
Pourtant prendre conscience de cela permet de prendre conscience de l'étroitesse de notre culture et de nos dogmes.
Pis, croire à plusieurs permet de légitimer ses croyances, d'en admettre une quelconque base solide qui justifie de les imposer aux autres. On entre dans le colonialisme culturel et dogmatique. Certains profitent même des « groupes » ou de certains hastags pour partir en croisade.
N.B. : wiktionary nous explique que la « dissonance » est une faux accord, relation d’un son à un autre avec lequel il n’est pas consonant. Elle exprime dans son sens figuré une disparité de ton, de style, de comportement, etc.